dimanche 23 août 2009

Histoire de météo


Les machines à pluie ou
« Who’ll stop the Rain? »

Beaucoup se sont plaint que nous avons eu un été pluvieux.

À qui la faute ?

Certains incrimineront les changements climatiques attribuables aux gaz à effet de serre mais, les conspirationnistes ne sont pas dupes de ces explications simplistes, fruits de la propagande des Illuminati, à moins que ce ne soit du groupe Bildeberg ou des Francs-Maçons.

Il y a le projet HAARP (pour High Frequency Active Auroral Research Program). Le projet HAARP, dirigé depuis un laboratoire situé à Gakona, en Alaska, vise à étudier les propriétés de l’ionosphère, couche atmosphérique située en très haute altitude. Il est basé en Alaska parce que c’est dans les régions arctiques qu’on peut observer le plus spectaculaire des phénomènes liés à l’ionosphère : les aurores boréales.

Mais il y a des gens convaincus que ce projet fait partie d’un programme ultrasecret du gouvernement (Lequel ? Tous, bien sûr ! ) visant à modifier le climat ( Pour empêcher les changements climatiques, selon certains. Pour les accélérer, selon d’autres. Il y a autant de sectes différentes parmi les amateurs de complots que parmi les Pentecôtistes). On peut voir à l’œil nu les effets de ces plans maléfiques sous la forme des « chemtrails ».

Que sont les chemtrails ? Vous avez vu ces traces que laissent les avions à réaction dans le ciel ? Et bien ce ne sont pas de simples traces laissées par la condensation de l’eau à la sortie du réacteur, comme on essaie de vous le faire croire. Il s’agit d’épandage de produits chimiques visant à modifier le climat. Tout ça est lié au projet HAARP.

Comment le projet HAARP, qui porte sur l’ionosphère, bien plus haut que n’importe quel avion ou n’importe quel phénomène climatique, peut-il être lié à des projets de changement du climat par saupoudrage de produits chimiques par avion ?

Là, la réponse varie selon l’auteur consulté. Je me contenterai de vous suggérez de taper « chemtrail » ou « projet HAARP » sur Google. Vous allez bien vous amuser.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’ya jamais eu de tentatives de modifier le climat. L’une d’entre elle a même causé une mini-crise politique dans les années 1960, ici au Québec.

Il faut savoir que ce n’est pas d’hier qu’on étudie la possibilité de provoquer la pluie.
C’est en 1946 que deux chercheurs américains ont découvert qu'il est possible de transformer les gouttelettes d'eau surfondues des nuages (à une température inférieure à 0°C) en cristaux de glace par l'injection de glace sèche (dioxyde de carbone à l'état solide, à une température de -72°C) ou de cristaux d'iodure d'argent dans le nuage, ce qui provoque la condensation et fait tomber la pluie.
Au Canada on a fait un premier essai en 1948 et, en 1959, le gouvernement fédéral a entrepris une série d’expérience de production de pluie artificielle dans différentes régions. La chose est tellement peu secrète qu’on trouve un article explicatif sur le sujet sur le site de la très respectable Encyclopédie canadienne :
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0006663

Dans plusieurs régions du Québec, les compagnies forestières et les entreprises de production d’aluminium (Alcan) eurent recours aux services de sous-traitants qui disposaient des machines capables de projeter l’iodure d’argent dans l’air afin de faire crever les nuages et déclencher la pluie. Les compagnies forestières visaient la prévention des feux de forêt, les producteurs d’aluminium, à maintenir le niveau d’eau dans les réservoir de leurs barrages.
On engageait des gens du coin pour faire fonctionner les machines quand ils recevaient les ordres du sous-traitant.
Signalons que l’efficacité de la méthode est limitée : si un nuage passe au-dessus de l’endroit où se trouve la machine, on peut provoquer l’averse avant que le nuage soit rendu trop loin. Point final. On ne peut pas changer une journée ensoleillée en journée pluvieuse.
Mais cette subtilité semble avoir échappé au public de la région du Saguenay-Lac Saint-Jean quand l’existence des machines commença à être connue, dans les années 60.
Tellement que, après un été particulièrement pluvieux, en 1965, s’organisa « l’Opération Parapluie », durant laquelle des mères de famille de la région recueillirent plus de 60 000 noms sur une pétition présentée au gouvernement du Québec, protestant contre les « faiseurs de pluie ». On demandait même au gouvernement de rembourser le coût des vitamines dont les enfants auraient besoin parce qu’ils auraient manqué de soleil durant l’été ! Les agriculteurs ne furent en reste et l’UCC (Union des Cultivateurs catholiques, ancêtre de l’UPA) demanda au gouvernement de contrôler de ces machines et organisa une marche sur Ottawa, demandant un remboursement pour les récoltes perdues, les dommages étant évalués à 5 millions de dollars.
Des équipements d’Hydro-Québec furent sabotés par des citoyens qui les avait pris pour des machines à pluie. Les opérateurs reçurent des menaces de mort d’un groupe clandestin se désignant sous le nom de « Fils du Soleil ».
Cette crise inattendue amena le ministre des Richesses naturelles, René Lévesque, à ordonner l’arrêt des expériences de production de pluie au Québec. En 1970, une loi fut votée imposant un permis à quiconque voudrait faire de la pluie artificielle.
Aucune demande de permis n’a été déposée…
En 2007, le cinéaste Claude Bérubé produisit pour l’Office national du Film, un documentaire sur cette histoire loufoque. On peut le voir intégralement sur le site de l’ONF :
http://www.onf.ca/film/incroyable_histoire_des_machines1/


Le film permet d’ailleurs de voir à quelle vitesse un évènement peut se transformer en légende.
On y voit une entrevue avec Claudette St-Gelais, dont la mère était payée pour « chauffer » une des machines à pluie, au Saguenay dans les années 60. Selon M. D’Avignon, gérant de l’entreprise « Weather Engineering », qui possédait les machines en question, on en trouvait une trentaine répartie en Gaspésie, au Saguenay, dans Charlevoix et en Abitibi.
Mme St-Gelais se « souvient » que sa mère lui a expliqué qu’elle faisait chauffer la machine avec des briquettes et que, selon la sorte de briquette utilisée, on faisait pleuvoir à volonté, soit au Saguenay, soit en Gaspésie, soit en Abitibi, etc.
On est là dans le domaine de la magie, et il n’a pas fallu plusieurs générations pour que le récit se transforme en conte folklorique. Une seule a suffi.

Et déjà, certains adeptes des théories du complot ont intégré l’histoire des machines à pluie du Saguenay au grand mythe de la conspiration pour changer le climat !


“Il ne faut pas tout croire d’un homme car un homme peut tout dire. Il ne faut croire d’un homme que ce qui est humain.” Cyrano de Bergerac

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